Histoire naturelle
Selon une nouvelle étude menée par des chercheurs de l'Université de Copenhague et d'institutions partenaires, le climat mondial à la fin du Crétacé, une époque où les dinosaures régnaient sur la planète, était plus chaud et plus varié qu'on ne le pensait auparavant. La découverte pourrait être importante pour les modèles climatiques qui sont actuellement basés sur des données erronées, selon les chercheurs.
Lorsque les dinosaures connaissaient leur apogée à la fin du Crétacé il y a environ 78 millions d'années, le climat de la Terre était à la fois plus chaud et plus varié que ce que nous connaissions auparavant.
Dansune nouvelle étude, des chercheurs de l'Université de Copenhague, entre autres, démontrent que les dinos des latitudes moyennes du nord (45 degrés au nord de l'équateur) ont connu des températures estivales moyennes de 27 degrés Celsius, alors que les hivers étaient d'environ 15 degrés.
C'est à la fois plus chaud - environ deux degrés - et plus volatil qu'une fois proclamé par les calculs du Crétacé tardif.
Entre autres raisons, la raison pour laquelle les modèles climatiques d'aujourd'hui échouent est que les changements de températures saisonnières n'ont pas été pris en compte, explique Nicolas Thibault, professeur agrégé au Département de géosciences et de gestion de la nature de l'Université de Copenhague, l'un des chercheurs à l'origine de l'étude.
"Jusqu'à présent, les isotopes de l'oxygène dans les fossiles du Crétacé étaient analysés pour déterminer la température au cours de la période. Cette mesure était le point de départ pour toute l'année, sans tenir compte des grandes fluctuations des températures saisonnières entre l'été et l'hiver. En tant que tel, un instantané permettait de déterminer une période entière", dit-il.
De plus, les chercheurs se débarrassent de l'idée que les températures moyennes chaudes atténuent les fluctuations des températures saisonnières, comme c'est le cas sous les tropiques aujourd'hui.
"Nos résultats démontrent que les dinosaures de l'hémisphère nord vivaient dans une chaleur extrême, lorsque les températures estivales moyennes tournaient autour de 27 degrés. Ainsi, on peut bien imaginer qu'il y a eu des jours d'été où les températures ont grimpé au-dessus de 40 degrés. Cependant, les hivers ont été doux et humides", explique Nicolas Thibault.
La nouvelle étude a été publiée dans la revue Communications Earth and Environment et menée en collaboration avec une équipe de recherche internationale dirigée par le chercheur postdoctoral Niels de Winter de la Vrije Universiteit en Belgique.
CO élevé2niveaux pendant la période du Crétacé
Outre le fait que les reconstructions de la période du Crétacé n'ont jamais pris en compte les fluctuations de température saisonnières, elles ont également un autre problème fondamental. Ils supposent que la composition chimique des océans du monde a été constante tout au long de la période libre de glace du Crétacé. Mais ce n'est pas le cas, explique Nicolas Thibault :
"Des recherches récentes montrent que le niveau d'isotopes d'oxygène dans l'eau de mer change de façon saisonnière et est donc loin d'être stable. Nous avons utilisé ces connaissances dans notre analyse des températures de la période du Crétacé, où nous trouvons des étés secs et des hivers humides", explique-t-il.
En fait, l'étude des chercheurs démontre qu'il y avait quatre fois plus de CO2dans l'atmosphère à la fin du Crétacé par rapport à l'ère industrielle des années 1900 - avec le CO2 des niveaux encore plus élevés qu'aujourd'hui.
Les coquillages révèlent l'importance des saisons
Les chercheurs ont utilisé des fossiles d'huîtres et d'autres espèces de mollusques du bassin de Kristiansand dans le sud de la Suède pour analyser les températures pendant la période du Crétacé, tout comme les modèles précédents.
Cependant, ils ont utilisé une nouvelle méthode qui permet de mesurer la température directement à partir du carbonate dans les coquilles des mollusques. Les chercheurs ne se penchent pas sur des isotopes d'oxygène individuels, mais sur des grappes d'entre eux.
"Cela nous permet d'obtenir un résultat beaucoup plus précis. Nous étudions le contenu chimique des coquillages qui se sont formés sur plusieurs années. Nous comparons cela avec nos connaissances sur le milieu marin et les températures moyennes de la fin du Crétacé. Ce faisant, nous pouvons voir qu'il faisait en réalité plus chaud qu'on ne le pensait auparavant et que les températures ont beaucoup fluctué", explique Nicolas Thibault.
Modifications des prévisions climatiques
Les résultats des chercheurs indiquent des erreurs importantes dans les calculs climatiques antérieurs pour la période du Crétacé qui doivent être corrigées, explique Nicolas Thibault.
"Grâce à nos recherches, nous sommes en mesure de montrer comment améliorer les modèles climatiques en incluant des données sur les fluctuations saisonnières des températures et les changements de composition chimique dans l'environnement marin", dit-il.
Notre compréhension du climat dans le passé est la clé pour comprendre à quoi ressemblera le monde à l'avenir. Ainsi, les résultats de cette nouvelle étude modifieront très probablement nos prédictions sur les températures à la fois au niveau international et au Danemark.
"Nos étés seront probablement encore plus chauds et plus secs que prévu jusqu'à présent", déclare Nicolas Thibault, qui souligne qu'il ne peut pas évaluer le changement de température exact.
